L’Union congolaise des Organisations des personnes vivant avec le vih(Ucop) + plaide pour l’accès au traitement des personnes vivant avec le vhi/sida. Ce cri angoissant a été lancé le vendredi dernier par le chargé de plaidoyer, droits et vih de cette structure, M. Erick Ngoie Tshilolo. C’était lors d’une séance de restitution de sa participation à l’atelier régional à Dakar au Sénégal. Cet atelier qui avait regroupé plusieurs experts, avait pour thème : « Droits humains, populations vulnérables ; enjeux par rapport à l’accès universel en l’Afrique de l’Ouest et du Centre ».
D’après l’envoyé de l’Ucop +, le thème retenu tombe à pic pour la Rdc, car il y a seulement 12% d’accès au traitement. Plus de 80% des Pvv ayant besoin de traitement, n’en ont pas malheureusement. 2% de femmes enceintes ont accès aux soins pour éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant, alors que plus de 80 % d’enfants sont exposés à la contamination. Ce qui constitue une violation des droits de l’homme. A cet effet, Erick Ngoie estime qu’il y a nécessité de faire le plaidoyer à l’endroit des décideurs et des partenaires, pour arriver à l’amélioration des conditions de ces vies. C’est dans cette optique a-t-il souligné que l’on doit travailler pour améliorer la qualité de la lutte en République démocratique du Congo.
Le chargé de plaidoyer, droits et vhi de l’Ucop + a fait savoir, dans sa restitution, que pendant les deux jours de travaux, les experts venus de partout ont travaillé dur, afin d’adresser des réponses efficaces en ce qui concerne la lutte contre le vhi/sida dans les droits humains et la justice pour essayer d’améliorer les conditions contre la discrimination et la stigmatisation.
« C’était un atelier participatif auxquels avaient pris part les acteurs de la société civile, les partenaires au développement et les délégués du gouvernement sénégalais. Ensemble, nous avons réfléchi pour une riposte efficace forte et durable à cette problématique », a-t-il indiqué.
Cet atelier a été organisé du 09 au 10 aout 2010 par l’Onusida, le Pnud et Osiwa, une structure qui mobilise les fonds pour appuyer les acteurs sur le terrain, afin d’avoir des réponses favorables sur l’environnement.
La loi et le sida en Rdc
La République démocratique du Congo dispose d’une loi portant protection des droits des Pvv. Malheureusement, cette loi souffre de la non-prise en compte de certains aspects. Voilà pourquoi les experts en la matière appellent à son amélioration. « C’est vrai que la loi est là, mais, nous devrions l’améliorer », a martelé, le chargé de plaidoyer, droits et vih de l’Ucop +, Erick Ngoie Tshilolo.
A cet effet, Erick Ngoie signale qu’il y a une dynamique déjà en place pour réviser la loi. Cette révision va permettre de corriger certaines évidences sur la discrimination et la stigmatisation. « Notre loi est là, mais l’on se bat pour avoir des mesures d’application et des dispositions punitives, parce que suivant les recommandations internationales, il ne faut pas qu’on marque les pas. Nous devrions rentrer dans l’orientation de la lutte au niveau international, en vue d’améliorer également la lutte au niveau pays », a ajouté M. Tshilolo.
Il souligne qu’au niveau international, il est recommandé que les lois punitives soient améliorées.
Se voulant plus explicite, le chargé de plaidoyer, droits et vih de l’Ucop +, commente en disant que la loi est faite pour protéger, pour freiner la propagation. Et donc de ce fait, elle ne peut avoir de dispositions punitives.
Il pense que s’il faut sanctionner, il faudra peut-être penser à d’autres dispositions, par exemple le Code pénal pour punir. Et non recourir à la loi, car celle-ci est appelée à protéger les droits. « La loi qui protège doit rester dans l’objectif d’arrêter la propagation. Plus l’on stigmatise et l’on criminalise les autres, davantage on aura la clandestinité, le manque d’utilisation des services… la loi doit être productive pour améliorer la réponse nationale », a conclu le chargé de plaidoyer, droits et vih de l’Ucop.
Yassa
Le débat sur l’utilisation des lois punitives ou du droit pénal dans le contexte du VIH/SIDA ne cessera de faire couler beaucoup d’encre.
Je suis chercheur en Droit et VIH/SIda. On peut me lire dans http://WWW.SIDANET.INFO.
Pour ma part, je partage l’idée de plus en plus répandue qui considère que la répression ayant montré ses faiblesses après plusieurs années de criminalisation stérile de la propagation ou de l’exposition du,au vih, les législateurs contemporains devront dorénavant mettre l’accent sur le concept de « changement des mentalités et des comportements » par la promotion des conduites responsables et le découragement des conduites à risques sur fond des techniques non répressives telles que l’information, la sensibilisation, la formation, la conscientisation, etc. soigneusement orientées vers des groupes-cibles ou vulnérables.
Cependant, ce point de vue n’exclut pas le recours à titre exceptionnel et dans une faible mesure, au droit pénal.
A mon avis, c’est dans ce cadre restrictif bien réfléchi que doit être situé l’article 45 de la loi congolaise du 14 juillet 2008 sur la pénalisation de la transmission délibérée du vih.
L’acharnement contre cette disposition légale, comme l’insinue M. Erick Ngoie, procède d’une mauvaise compréhension de la loi qui, en fait, punit cet acte crapuleux, sans considération au statut sérologique au vih de son auteur. L’UCOP +, dont j’apprécie le combat auquel je participe du reste, peut avoir son apaisement.